L'IMAGINAIRE LATINO-AMÉRICAIN
Table ronde conduite par:
Rocío Durán-Barba,
avec la participation de:
Silvia Costanzo, Duván López,
Isabel Soto, Luís Mizón, Efer Arocha
AMÉRIQUE, L’UTOPIE EN CONSTRUCTION
Duván López
« Beaucoup à oublier, tout a apprendre »
« Le lac de langues qu’est la Méditerranée, ouvrira le chemin à la mer universelle du Pacifique »
Avec cette phrase merveilleuse de Roberto Matta, l’impressionnant peintre chilien définit la relation de destruction / construction qu’engendre toute rencontre.
Fils du fantôme de la vérité, et donc obligés à ne pas la chercher, nous en sommes restés au seuil de la connaissance ; celle ci ayant été définie par Aristote , ne nous resterait-il plus que le droit d’obéir ?
L'Amérique n'a jamais été découverte, elle a été spoliée ; mais les sources fabuleuses, intarissables, continuent à répandre leurs richesses , qui ne sont pas sont éternelles, mais presque.
Nous sommes fils de la violence et de l'erreur qui ont permis à l'Occident d'établir la suprématie d'un vérité inexistante, qui ne se soucie que d’imposer son pouvoir.
L'Europe a manqué le chemin, renforçant l'éducation à l'obéissance, ce qui n'est possible que lorsque l'individu est castré (privé ) de sa plus précieuse ressource : « le discernement ».
La construction d'une vérité unique, rendue universelle par l'art de la renaissance, centrée sur le pape de Rome, le doge de Venise, l'empereur d'Espagne ou le roi soleil, avec un point focal unique, impossible d'accès, engendre la distance qui rend possible la domination.
L'histoire est irréversible, mais le vingtième siècle parmi ses nombreuses erreurs nous a laisseé une brèche, par laquelle on peut regarder en arrière et scruter l'avenir. c'est ce qu'on appelle la « déconstruction ».
Nourris par la fertilité de la terre, emplis d’un air qui est encore nouveau, nous, les américains, nous préparons à assumer notre rôle.
Nous découvrons par nos communautés ancestrales, une autre vision qui, couplée avec le savoir et la technologie mis à notre disposition par l'Occident héroïque, mais inhumain, nous offre les éléments nécessaires à la construction de cet Hommes Latino-américain, dont rêvèrent Marti, Bolivar, Saint Martin, Lezama Lima, Estanislao Zuleta, Paz, Borges, Rulfo, Fuentes, La Mistral, Whitman, et bien d’autres.
Notre univers, riche en contributions européennes possède encore un côté non colonisé ; le contact avec un espace et une histoire mythiques et telluriques, magistralement définis par notre réalisme magique, détermine une zone que nous devons développer.
La diaspora latino-américaine, produite par le déploiement de forces qui reproduisent le plus néfaste de la culture occidentale, nous a mis en contact direct avec les sources de la « Liberté, Egalité, Fraterni-té ».
L’Amérique est une construction permanente et, comme le disait Borges, être colombien est un acte de foi ; dans les strophes de l'hymne national Colombien se trouve une phrase sublime, qui dit:
" L'humanité entière,
qui gémit sous les chaînes,
comprend les mots
de celui qui est mort sur la croix. "
La base de la démocratie que nous voulons est dans une autre phrase antique et lapidaire, que l'Occident devrait prendre en compte, et l'Amérique assumer; «Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas que l’on te fasse à toi» ; cela, avec le renouvellement de l'alliance sacrée que nos collectivités indigènes ont avec la terre, pourrait être le chemin vers la réalisation du rêve de Rivera, Orozco, Siqueiros, Guayasamín et les autres.
Sacraliser la terre, et l'homme que je considère comme une espèce en voie de disparition. Reconnaître l’immensité de la femme, puisque Frida nous a appris à voir, peut-être, le témoignage le plus douloureux qu’ait connu l'art, venu d’une femme.
Nous sommes l’Occident, nous sommes l'Orient, nous sommes l'Amérique, nous sommes un monde en construction, naviguant dans les langues méditerranéennes, respirant l'air pur de la forêt et de la mer, nous pouvons encore rêver.
Le nouveau monde, il le reste
Içi existe encore l’Eden
L’Europe le rêve encore
nous l'avons
et nous pouvons le partager.
Paris, Printemps 2010
No hay comentarios:
Publicar un comentario